Les Carnets de voyage
LADAKH 2017 ; Les couleurs de la lune

Arrivée à Delhi. Chaleur & couleur.
![]() Le voyage commence par une attente de 22h sur le carrelage de l'aéroport de Delhi. 1h pour sortir de l'avion et récupérer les bagages. 30 minutes pour regarder les taches de couleurs qui s'agitent autour de nous, les saris. 1h pour fantasmer sur des beignets indiens, les acheter, les manger, et regretter aussitôt. Et 19h pour construire un rempart de bagages et se fourrer au milieu. | ![]() 5 petites dames dans une cuisine au sol de terre battue, à Lamayuru. Un homme nous invite à prendre le thé, et on atterrit dans un atelier de confection de skious, sortes de gnocchis en beaucoup moins bon. Et nous voilà devenues ouvrières de la chaîne. Certaines dames malaxent et étalent la pâte, d’autres la roulent, et nous nous chargeons de faire des petits bouts avec les doigts. Plus tard, déjeuner avec les vieilles femmes du village et leurs rouleaux de prière. Om mani padme hum... | ![]() |
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![]() Prenez des langues de feu, puis des gros yeux globuleux. Trouvez des colliers de squelettes humains. Ajoutez-y une once d’érotisme assumé et le tour est joué … Vous avez les démons des fresques bouddhistes. | ![]() Notre stop - et chauffeur - préférés. | ![]() |
![]() Rue principale de Leh, surnommée « main market » ou « main bazar ». Des magasins de pashminas, de noix, de bric à brac, de matos de construction, de babioles pour les touristes, des supermarchés, des banques … et surtout des dizaines d’étalages de légumes (navets, carottes, choux, pommes de terre, épinards…) tenus par des petits vieux assis sur le trottoir. | ![]() Retour à Lamayuru. Sur la petite place, un boucan pas possible. Un moine taille des mantras dans la roche. Il me voit et me fait un grand sourire, avant de me parler de lui, de ce qu’il fait. Punchok Namgatyl est tailleur de pierre et de bois. C'est lui qui a mené les rénovations du monastère, dont les rouleaux de prière tombent en ruine. Il donne aussi des cours, et me tend un prospectus rédigé dans un anglais parfait. Pour être sûr que j'en parle en France, il m'offre une sucette à la mangue. | ![]() Le bébé <3 |
![]() Sunita | ![]() On arrive à Turtuk après 3 heures de piste sur le toit d'un bus. C'est un petit village pakistanais tombé aux mains de l'Inde en 1971. Depuis Turtuk, on aperçoit les sommets enneigés du Pakistan. Les femmes y sont voilées de 1000 couleurs et ont des visages d'arabes, avec une petite ride sous les yeux. Le muezzin chante plus fort. | ![]() |
![]() Grosse teuf: c'est l'anniversaire du Dalaï Lama. Choglamsar se fait toute belle. | ![]() | ![]() |
![]() La cérémonie d’anniversaire du Dalaï lama s’essoufle un peu, il commence à faire beaucoup trop chaud pour des touristes européens sans parasols. Nous quittons la foule. Et là, nous tombons sur des dizaines d’indiens, mendiants atrophiés ou vendeurs de jouets en plastique. La foire! Hindous, les indiens voient surtout les fêtes bouddhistes comme l’occasion de faire du business, ou de mendier en brandissant des moignons. | ![]() Les parasols, accessoires élémentaires pour tout bouddhiste fidèle au Dalaï lama. | ![]() Beiges, roses, bleues, mauves, jaunes, violettes, brunes… Toutes les couleurs pastel dans ces kilomètres de décor lunaire. |
![]() Nous partons en week-end à Noubra, à 7h de piste de Leh. Nos sacs sur le dos, on dit au revoir et on noue nos lacets. Lamo débarque. Nous fourre des graines très amères dans la bouche sans qu’on ait le temps de comprendre ce qu'il se passe. Elle marmonne des incantations tout en nous nouant des cordons autour du cou. « Benediction from the Dalai Lama. For good luck». | ![]() La vieille mosquée de Leh | ![]() Ecolière tibétaine à la kermesse de Tissivi school. Au milieu des dizaines de mamans et de papas ravis, 9 gros intrus se sont faufilés grâce au prétexte un peu léger de connaître un élève. Et heureusement, c'était dingue! Des minis tibétains en costumes tibétains, avec des énormes bouquets de fleurs, ont dansé et chanté pendant 2h. |
![]() Bob Marley et la dame de la garderie | ![]() | ![]() Le sadhu est un hindou qui a renoncé à toute attache de la vie matérielle pour se consacrer uniquement à sa quête spirituelle. Il se doit de renoncer au plaisir, à la richesse et au pouvoir. Il devient mendiant, comptant sur la générosité des autres pour survivre. Je n’en ai jamais vu, il n’y en a pas au Ladakh. |
![]() Les petits cailloux du lac Pengong | ![]() On attend le Dalaï Lama | ![]() La femme ladhaki des fêtes sacrées et des cartes postales. On l’a croisée à l’anniversaire du Dalaï lama, à l’enseignement du Dalaï lama…(La star des stars au Ladakh). Elle est comme sur ce dessin, avec quelques dizaines de kilos en plus. |
![]() Les portes du monastère de Chemrey | ![]() Sonam. Une grand-mère tendre mais très dure avec ses 25 petits-enfants. Plus une figure d’autorité que la mamie clafoutis occidentale. Mais on l'adore. Pourtant on n'a pas échangé un mot, mis à part les "Julei" (bonjour/merci/au revoir et d’autres encore) "Zo zo zo" (mange) et "chai tum" (bois ton thé). Mais à force d’écossages de petits pois, de regards et d’après-midis sur la terrasse à la regarder filer sa laine, on s'est attaché à cette petite dame toute ridée par 65 ans de soleil ladakhi. | ![]() Les offrandes d'huile, pour les bougies des monastères. Il y a aussi des gâteaux, des sknickers, du coca, des chewing-gums, pour rendre gloire aux dieux et nourrir les moines (qui partagent avec des touristes gourmands hihihi). |
![]() Les journaux de l'avion | ![]() | ![]() |
![]() Petites filles à l'école de Choglamsar | ![]() | ![]() Les Ladakhis, avant de servir le thé, le versent dans de très grandes thermos, et pas n’importe lesquelles. Des thermos roses, bleues, vertes, jaunes, couvertes de fleurs ou de motifs. |
![]() Les fleurs de Marca Vallée. Elles ont surgi à mi chemin entre le départ à Cherring, quelques jours plus tôt, et le col. Enfin un peu de vie ! | ![]() | ![]() |
![]() | ![]() Fête de l'école de Choglamsar | ![]() Free Tibet !!! |

Une Indienne, une vraie, en sari. Je l'ai croisée à Choglamsar, au bord du sentier. Sa famille construit des bâtiments qui ne lui appartiennent pas, comme toutes les familles indiennes du Ladakh. Grosse surprise: elle accepte une photo, contrairement à toutes les indiennes à qui j'avais demandé avant... Un sourire, un rire gêné, une main qui attrape un bout de sari pour se cacher le visage, et un gros bonhomme qui arrive et qui répond "non". J'ai eu de la chance, le plus beau sari était aussi le plus audacieux.
Une tibétaine et son bébé. Comme toutes les tibétaines, elle porte une longue robe droite. Beaucoup portent des robes sans manches, serrées à la taille, sur un chemisier de couleur. Dernier accessoire de la femme mariée: le tablier rayé de toutes les couleurs.

Formentera 2017 ; Rdv avec le soleil
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Londres 2017 ; ma vie de chelsea girl
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Le Hammam d'Asilah ; l'école des femmes

Je suis une touriste française au Maroc. Comme Marrakech c'était « vraiment l’invasion », nous passons une semaine dans les environs d’Asilah - petit bijou blanc sur la côte, pas très loin de Tanger. Le 3ème jour, les mamans ont une idée qui vous surprendra peu: « on se fait un hammam ? »
Une heure plus tard, une dizaine d’adultes et d’ados enthousiastes arrive devant l’entrée du hammam d’Asilah. Deux grandes portes pour deux hammams, hommes et femmes. Nous nous séparons et nous entrons dans le hammam des femmes, impatientes de s’abandonner à la vapeur et de se faire masser le dos sur les dalles chaudes.
Un peu bruyant ce hammam. Nous sommes à l’accueil pour acheter nos places et déposer nos vêtements. Les employées travaillent dans une hâte inattendue pour ce genre d’institution. « Elles sont pas très sympas », murmure ma sœur qui s’est fait confisquer sa boule de vêtements par une poigne énergique. L’entrée du hammam est au fond, à droite ! J’entre la première, avec mon chignon et mon maillot à fleurs.
Au lieu du calme et de l’apaisement attendus, un brouhaha sonore digne d’une place de marché. Au début, la vapeur nous aveugle. Et puis on les voit. Des dizaines et des dizaines de femmes assises sur le sol humide. Elles ont 4, 12, 28, 47, 88 ans. Elles affichent une nudité complètement décomplexée. Elles sont assez grosses, ont des cuisses et des seins impressionnants. Elles se lavent, se frottent de savon noir, se brossent les dents, crachent, se rasent, balancent des seaux d'eau brûlante sur le sol pour enlever savon, poils, dentifrice.
Et elles se marrent à la vue de ces petites françaises, blanches comme des cachets d’aspirine et format XXS, engoncées dans des bikinis dernier cri, debout au milieu des bains publics d’Asilah. Panique de ma petite sœur, qui déclare que finalement elle n’aime pas trop les hammams. On finit par se trouver une petite place, un refuge de 3m2 entre une marocaine souriante et une énorme masseuse (une "harza"). On s’assied, on essaye d’afficher un air détendu alors que notre gêne atteint des sommets et que nous sommes complètement désoeuvrées à côté de ces femmes qui s’affairent.
La marocaine nous explique gentiment que ces femmes n’ont pas de salle de bain et qu’elles viennent au hammam plusieurs fois par semaine pour se laver. La masseuse est moins sympathique et me fait comprendre qu’elle compte bien me faire ce massage pour lequel j’ai payé. Très autoritaire, elle tient à ce que je sois nue, allez, comme tout le monde ! Une fois que je suis nue comme un ver, elle commence le « massage ». Trente minutes de torture publique dont je ressors avec des petits bleus. (Aujourd’hui encore, je reste convaincue du sadisme de cette masseuse).
Une heure plus tard, nous sommes à l’air frais, lessivées et un peu sous le choc. Les corps des femmes que nous croisons sont couverts de tissus et leurs cheveux soigneusement camouflés. Le contraste est saisissant. La pudeur règne partout, elle a capitulé à l’entrée des bains d’Assilah. Les femmes, jeunes, vieilles, mariées, célibataires y lâchent prise et leur aisance nous a choqué, nous, jeunes occidentales qui pensions avoir un rapport au corps libre et décomplexé.
Jusqu’alors, je ne m’étais confrontée qu’à une nudité rangée, pudique, jeune, mince. Cette nudité intergénérationnelle a quelque chose de perturbant pour notre société qui n’accepte qu’une nudité d’enfant ou de jeune femme. Chez nous, l’adolescente qui se transforme se cache, comme la vieille femme rallonge ses jupes pour cacher ses rides des yeux du monde. Le sans gêne des marocaines du hammam m’a semblé presque obscène. Parce que je ne suis pas habituée, moi qui lis le Elle et vais me baigner à la Baule, aux vrais rondeurs et aux seins qui pendent. Et quelque part, cette pudeur est antipédagogique: je ne suis pas préparée aux changements qui attendent mon corps dans les soixante prochaines années.
Les mecs nous rejoignent au café. « - C’était comment vous? - Ah, sympa, normal, un hammam quoi. » Les marocains, qui contrairement à leurs homologues féminins, ne se cachent pas dans la rue, n’ont peut-être pas besoin de ce moment de relâchement complice : ils vont au hammam en maillot. Comme si chaque être humain devait trouver un équilibre pour atteindre un quota de pudeur : plus on se cache en public, plus on se dévoile quand c’est permis.
Cette expérience du hammam traditionnel fut assez brutale. Mais je ne regrette pas cette expédition qui m’a fait prendre conscience de mon malaise vis-à-vis du corps. Finalement, le hammam marocain appelle à plus de lucidité et d'acceptation du corps féminin que tous nos beaux discours sur le sujet.

Dakar 2018 ; les reines d'Ngor
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Qu'elles sont belles, qu'elles sont élégantes! Elles mettent les mains dans la terre, dans les tripes et dans le sang. Colorées, maquillées, bijoutées, pailletées. Une scène de marché dégueu et sublime. Un entremêlement chargé de motifs bleus, jaunes, rouges, qui constraste avec leur visage d'ébène, lisse et sculpté. Elles vident les entrailles avec majesté, et apparaissent graves et solennelles dans ce royaume de chair et d'os.










Été 2018 ; Noirmoutiers
Été 2018 ; Berlin & Avignon
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